Morhange et sa garnison allemande après 1900

Autour de Morhange.

   Morhange, bourg de moins de1.300 âmes avant 1870, cette commune du canton de Gros-Tenquin est devenue une ville de plus de 7.000 habitants. Cet énorme accroissement ne doit rien à l'industrie ou au commerce. C'est le fait de l'état de veillée des armes amené par la conquête de l'Alsace et de la Lorraine. L'ancien village s'est tranformé en cité militaire par l'installation d'une grosse garnison.

   La situation de Morhange sur une terrasse bien exposée au soleil l'a sans doute fait choisir de préférence à Château-Salins, trop à proximité immédiate de la frontière, et à Bénestroff, devenu le grand centre des chemins de fer militaires dans cette partie de la Lorraine et qu'il semblait naturel de couvrir directement. Morhange est d'ailleurs assez voisin de cette importante gare stratégique pour pouvoir envoyer des troupes au cas où les chances des premiers combats permettraient à l'armée française de menacer les points de concentration de l'armée allemande. C'est dans ce but que ce centre rural a été transformé en grosse garnison.

   La gare, jadis en pleine solitude, a vu surgir quelques constructions. A côté d'une tuilerie du temps français, sont de vastes magasins militaires. La ville se révèle au loin par ses casernes; les bâtisses neuves masquent complètement l'ancien bourg, d'ailleurs abrité dans un pli où coule une source allant alimenter l'étang du Moulin Neuf, affluent de la Seille.

   La route de Nancy à Sarreguemines laisse à faible distance le vieux bourg; elle court au sommet des collines qui préservent Morhange des vents du nord. Les premières constructions qui surgissent forment une rue longue de 1.200 mètres, d'un caractère bien particulier. A gauche, un hôpital militaire, puis une ligne de casernes formées de vastes constructions rangées autour de grandes cours plantées d'arbres. La cité guerrière semble interminable. Une brigade d'infanterie, un régiment de uhlans, plusieurs batteries d'artillerie, occupent ces quartiers ayant encore la fraîcheur des pierres neuves.

(Source : Ardouin-Dumazet, Les provinces délivrées; Lorraine. B.L.1919.)