Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Bataille de Morhange - Sarrebourg
Bataille de Morhange - Sarrebourg
Publicité
Archives
11 décembre 2009

Sur les champs de bataille autour de Dieuze

Un soldat allemand qui arrive sur le front fin août 1914, nous donne, à travers l'extrait de sa lettre, une vision du champ de bataille de Morhange.

   " Peu après les violents combats en Lorraine, j’arrivai sur les champs de bataille de Morhange, Dieuze et Lunéville. Dans un premier temps nous parvînmes de Sarrebruck par Forbach et Saint-Avold dans le petit village de Baronville, où avait eu lieu, sur un immense champ de bataille, le dur combat, là où nous avions laissé pénétrer jusqu’alors les Français venant de Dieuze avec un corps d’armée. Les grands peupliers, obstacles au combat, étaient rasés. Des chargements entiers d’équipements français, comme havresacs, fusils, manteaux, képis et munitions non utilisés traduisent la grande défaite des Français. Les morts reposent dans de grandes fosses communes, plantées de croix de bois.

   Ensuite, la route conduisait à Morhange, où les Français avaient positionné leur artillerie. Ils se croyaient bientôt presque à Sarrebruck, alors que notre armée l’encerclait à partir de Sarrebourg et d’Abreschviller. C’est ainsi que furent faits prisonniers de nombreux pantalons rouges. Dix-sept canons, pour une partie chargés, furent abandonnés par l’artillerie française. Seize voitures de munitions restèrent sur place, tous chargés à ras bord d’obus.

   Puis nous vîmes Dalhain. Il se situe un peu à l’écart des champs de bataille entre Morhange et Dieuze. Le village présente un tableau de désolation. Des quelques 150 maisons, ne se dressent plus que les murs mitoyens, sinon tout a été brûlé et détruit. Nous trouvâmes la totalité du village vide. Il n’y avait qu’une bonne vieille avec sa fille qui demanda à notre lieutenant, dans des bribes d’allemand, si elle pouvait rester là. C’est ici qu’était sa maisonnette. Elle était peu endommagée, mais le mur mitoyen voisin, menaçait à tout instant de la détruire. Notre lieutenant demanda à la femme la cause des destructions. Elle déclara « Tout est de la faute de notre curé. » Avec les Français, il a tiré sur les Allemands du haut du clocher de l’église. Et lui de lui dire : «  Mais des hommes et des femmes doivent avoir aussi tiré sur nos troupes ? » Elle ne voulait rien entendre. Elle haussait les épaules et ne cessait de demander en pleurnichant, si elle pouvait rester là .

    Nous la laissâmes sur place. Après quoi nous apprîmes en sus que, lors de l’entrée de nos troupes dans le village de Dalhain, celles-ci avaient fouillé les maisons à la recherche de Français, mais qu’ils n’en avaient pas trouvé.

   A la question de savoir s’il y avait des Français dans les lieux, le curé avait répondu : « Non, seulement trois blessés. » Mais lors de la fouille de l’église, crépitement d’armes sur nos troupes. En premier tomba un officier. Les autres se précipitèrent hors de l’église saisissant le curé et quelques villageois suspects. Sous le feu des Français, qui continuent de tirer, nos soldats exécutent les traîtres. Le soir même, tous les habitants durent quitter le village et les hommes emmenés à Morhange pour interrogatoire. Les maisons des coupables sont désormais détruites et sur les routes erre du bétail affamé, abandonné.

   Dieuze grouille de soldats allemands, de colonnes sanitaires et de milliers d’infirmières. Nous fîmes étape ici, où il y a encore quelques jours, les Français faisaient leur entrée, musique en tête, pour un jour et demi seulement, repoussés avec de terribles pertes. Les troupes ici cantonnées, en majorité des bavarois, étaient encore tout fier et joyeux de leur grande victoire. Ils étaient simplement désolés de l’absence de bière. « Dix Français contre un bock de bière.» criait l’un d’eux.

   Nous arrivâmes alors au "château de Bidestroff", abandonné précipitamment par une comtesse française au premier jour de la mobilisation et qui est tombé entre nos mains. Actuellement, c’est un hôpital de secours allemand. Le médecin chef allemand nous fit visiter les lieux. Les grands blessés étaient couchés dans des lits confortables, les blessés légers sur des lits de camp à même le plancher. Un robuste sous-officier bavarois, nous montra dans un regard plein d’éclat, un revolver dans un étui verni qu’il avait arraché à un capitaine français et avec lequel il l’avait abattu, parce que celui-ci avait tiré sur son capitaine. Un autre Français assommait alors le vaillant bavarois avec la crosse de son fusil. Mais ce dernier veut se venger plus tard, nous assure-t-il.

   Les blessés français étaient logés dans les pièces arrières. Le médecin-chef français ne s’occupait presque pas de ses blessés ; on nous dit qu’il se promène toute la journée dans la cour en compagnie de ses cigarettes. Dans les havresacs français, éparpillés aux alentours, nous trouvâmes d’étranges choses, toutes sortes d’articles de toilette, comme de la crème pour la peau, de la cire pour les moustaches et des fixe-moustaches, de même que des chaussures vernies a garniture de tissu gris. Certainement qu’elles étaient prévues pour Berlin."

Article extrait de la feuille quotidienne berlinoise du 12 septembre 1914, Der Volksfreund (l’âme du peuple). (traduction faite par Madame Chevreux de Manhoué)         

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité