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Bataille de Morhange - Sarrebourg
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25 janvier 2011

VERGAVILLE, LE TRAQUENARD ANNONCE

Suite de la visite effectuée à l’automne 1914 par des correspondants de journaux allemands, limitée aux localités lorraines en partie très éprouvées par la bataille. Ces notes parues dans Images de la bataille de Lorraine, avaient pour but d’informer les lecteurs sur le déroulement des événements (19-20 août 1914).

   Vergaville, commune comptant près de 800 habitants en 1914, est située dans le département de la Moselle, Lorraine annexée, sur la route qui va de Dieuze vers Bénestroff. En dehors du village, une petite gare fait office de station pour les voyageurs, sur la ligne ferroviaire Avricourt-Dieuze-Bénestroff. Tous les témoignages concordent pour dire que ce lieu incarne l’un des épisodes les plus sanglants de la grande bataille du 19 au 20 août 1914.   

   « Nous arrivons après quelques minutes, non loin de la route qui bifurque vers Bidestroff, la grosse ferme Steinbach montre encore un trou béant causé par un obus allemand. La ferme a terriblement souffert. Elle se trouvait directement dans la ligne de tir et a reçu le feu des deux côtés. Les dommages infligés aux toits des bâtiments ont été sensibles, une bonne part a partiellement été détruite. Dans les champs environnants, la charrue a effacé les nombreuses traces du combat du 20 août.

   A Vergaville, le 17 août, les troupes allemandes qui avaient fait semblant de battre en retraite, s’étaient positionnées sur les hauteurs entre Bidestroff, Bourgaltroff et Bénestroff. Le mardi 18 août, première apparition des Français dans le village : c’était une patrouille d’un régiment de chasseurs à cheval de Lunéville. Les cavaliers avançaient avec précaution vers la sortie du village, dans la direction de la ferme Steinbach. A peine avaient-ils atteints la dernière maison, qu’ils tombèrent sous le feu des avant-postes allemands. Le premier des chasseurs est tombé de son cheval frappé à la poitrine, le deuxième a été blessé mais a pu être secouru par le troisième de la patrouille, tous deux ont pu être soignés dans le poste de secours organisé par les habitants, le maire et le curé, dans l’école des filles. A ce moment là, trois blessés allemands se trouvaient dans l’école.

   Au cours de ces opérations, une patrouille du même régiment, forte de 15 hommes était entrée dans le village. Quand elle a entendu les coups de feu à la sortie de celui-ci, tous ont fait demi-tour et couru à bride abattue vers Dieuze. En le quittant, un blessé est tombé de son cheval, touché par une balle venant des avant-gardes allemandes qui progressaient. A 5 heures du soir, le chasseur français tombé, a été enterré par les troupes allemandes avec les honneurs militaires. Le reste de la journée se passa tranquillement. Dans la matinée du 19 août, vers 7 heures, des violents tirs d’artillerie, de temps en temps interrompus par des fusillades. Bientôt les obus tombèrent sur le village. Un pénétra dans le grenier de l’église et coupa la fixation du grand lustre qui tomba au sol dans un bruyant fracas. Une immense émotion s’empara des paroissiens, qui assistaient à la messe au nombre de 200. Tous terrifiés, se précipitèrent dans la sacristie et le chœur, où ils attendirent la fin du bombardement en prière. Au même moment, des obus français tirés de la position près de Lindre-Haute tombèrent sur un ensemble de bâtiments agricoles dénommé Pelone. Trois maisons prirent feu, lesquelles avaient déjà été détruites quelques années auparavant et venaient d’être reconstruite. Peu à peu, les troupes françaises occupèrent tout Vergaville et y installèrent même des canons au milieu des rues du village. Cela se passait vers 9 heures. A ce moment là, apparut un avion allemand au dessus du village, et à peine 10 minutes plus tard, des obus allemands explosaient dans Vergaville. Une pièce française fut détruite. Le caisson et la voiture de munitions se trouvent encore aujourd’hui devant une maison en face de la mairie. Un obus avait lui choisi comme victime, la cuisine des sœurs enseignantes et réduisit la vaisselle en petits moreaux. En dépit des tirs d’artillerie des troupes françaises, le 6e bataillon de chasseurs alpins et le 61e régiment d’infanterie, avancèrent  vers le Rebert, vers la ferme Steinbach, et à gauche de Vergaville. Mais cette avance, alors que le soutien d’artillerie semblait être insuffisant, fut très meurtrière. Bientôt, de nombreux blessés se trouvaient dans le village. Le soir arriva une ambulance française. Un aumônier militaire français resta auprès des blessés jusqu’à environ 10 heures du soir, avant de rentrer à Dieuze. La grosse masse des troupes passa la nuit dans Vergaville et aux alentours. Il leur était interdit de pénétrer dans les maisons et de réquisitionner des vivres. Vers minuit, se déroula un court combat d’avant-poste, puis tout resta tranquille jusqu’au matin du 20 août.

   Ce jour-là, les tirs d’artillerie français commencèrent dés 6 heures pour durer jusqu’à 8 heures. Ensuite, il y eut de furieux combats entre le Rebert et la gare de Vergaville. Au Rebert, les Français tombèrent comme des mouches nous a raconté un témoin oculaire. Les tranchées étaient remplies de morts. Vers 10 heures l’attaque allemande avait permis de stopper l’avance des Français et là-dessus, se retirèrent précipitamment vers Dieuze. Les troupes allemandes occupèrent le village et firent prisonnier l’ambulance française dans la cour de l’école. En peu de temps, environ 600 blessés, français et allemands, furent amenés dans le village.

   De nombreux jeunes gens du village en transportèrent, sous une grêle de balles, dans l’école transformée en hôpital de campagne. Bientôt toutes les salles étaient remplies de blessés et 200 autres avaient été placés dans l’église. Il y en avait aussi beaucoup dans la salle de l’auberge Xardel.

(à suivre)

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