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Bataille de Morhange - Sarrebourg
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25 mai 2011

Une leçon de patriotisme à la bataille de Sarrebourg

   Le fantassin appelé comte de Pelleport, de son véritable nom, Wladimir de la Fite, marquis de Pelleport, reste une figure légendaire, blessé grièvement à la bataille de Sarrebourg le 20 août 1914. L’homme à l’imposante barbe blanche, âgé de cinquante-neuf ans s’engage début août et se retrouve incorporé à la 8e compagnie du 29e régiment d’infanterie en garnison à Autun.

    Le 14 août, sa compagnie est reçue par une grêle de balles en débouchant d’un bois à Domèvre. Il s’y distingue et le soir, il est promu au grade de premier soldat.

   Il écrit à son épouse  depuis la mairie de Richeval : « Nous avons passé la frontière hier soir à 17 heures, et arraché le poteau aux couleurs allemandes. Il pleuvait à torrents…Un régiment allemand entier s’est rendu, le 109e, col,onel en tête. Nous avons pris dix-neuf camions automobiles superbes, une auto de luxe avec quatre officiers allemands…Nous marchons sans arrêt, absolument comme les anciennes légions de César… »

   Le lendemain, à Sarrebourg, on se battait encore, mais on n’y retrouvait plus la même chance. Des bataillons entiers y succombaient, et c’était seulement après cinq jours de combats que le premier soldat Pelleport pouvait écrire à sa femme : « 25 août 1914, 10 heures du matin. – J’ai été blessé à la cuisse droite le 20…J’ai été ramassé par les Allemands qui me traitent bien…Je suis à Sarraltoff…Vers midi et demi, notre compagnie, la 8e, a été désignée avec la 7e pour aller remplacer notre 3e bataillon qui avait dû reculer, écrasé par l’artillerie ennemie. Nous sommes partis vers 23 heures et nous nous sommes glissés en silence, malgré les projecteurs, tout à fait en première ligne, le long des bords de la Sarre. Nous avons assisté là au feu le plus infernal qui se puisse concevoir de 5 heures du matin à midi. Nous n’avons pas perdu un homme, nous étions trop près des Allemands, et nous aurions pu tenir encore lorsque notre capitaine a commandé baïonnette au canon pour charger. La compagnie n’a rien pu faire. Je suis tombé aussitôt, une balle ayant pénétré, avec une force terrible, dans le haut de la cuisse…Heureusement elle est sortie, et j’espère qu’elle n’a rien laissé dans la plaie, qui est longue… »

   Cette dernière lettre, n’avait pas été achevée, et l’héroïque blessé s’y trompait sur sa blessure, causée non par une balle, mais par un éclat d’obus, et qui était mortelle. De l’ambulance où ils l’avaient recueilli, les Allemands le transportaient à l’hôpital d’Heilbronn , il y expirait en arrivant, et on avait alors retrouvé la lettre sur lui.

   En 1915, il est cité à l’ordre de l’armée :

   De Pelleport Wladimir, soldat de première classe au 29e régiment d’infanterie. – A donné le plus bel exemple de patriotisme en s’engageant à cinquante-neuf ans pour la durée de la guerre ; a pris part à toutes les opérations du début de la campagne, faisant l’admiration du régiment par son endurance, son entrain et la beauté se son caractère ; le 20 août, à Sarrebourg, s’est précipité à l’assaut en tête de sa compagnie, a eu la cuisse fracassée par un éclat d’obus. Est mort au champ d’honneur.

 

Tiré de : Portraits de la Belle France de Maurice Talmeyr.

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